Le 11 décembre 2022 France 5 a diffusé le troisième épisode de sa série «La fabrique du mensonge». Son sujet: «Au cœur de la propagande russe»
Le résumé est déjà troublant: «Pendant que les bombardements russes transforment les villes ukrainiennes en champs de ruines, de l’autre côté de la frontière, le Kremlin mène une autre guerre qui utilise une arme de destruction massive : les fausses informations.»
C’est troublant car les fausses informations sont déjà la spécialité du camp de l’OTAN. Qui se souvient de la petite fiole de faux-anthrax de Colin Powell ou des fausses couveuses éventrées du Koweït ? C’est troublant car les pères de la propagande par fake news sont deux américains: Walter Lippmann dont l’expression «fabrique du consentement» résumant son travail est restée dans les mémoires, et Edward Bernays son élève, en particulier responsable de l’efficacité des publicités en faveur de la cigarette qui ont bousillé la vie d’innombrables personnes.
Continuons la lecture du résumé: «Les attaques découlent d’une stratégie théorisée depuis une décennie et directement menée par l’état-major russe aux ordres de Vladimir Poutine. Le nouvel arsenal est multiple et protéiforme : les réseaux sociaux, les médias d’État, les influenceurs, les trolls et les bots. Cette offensive lente et discrète se répand partout dans le monde. Le Kremlin a ainsi réussi à faire vaciller les démocraties occidentales et à influencer les opinions politiques.»
On apprend maintenant que les GAFAM seraient en sous-marin infiltrés par le Kremlin au point d’être quasiment dépossédés de tout pouvoir de contrôle sur leur propre machine. Si vous vous souvenez bien, on a même essayé de nous faire croire à une époque que le président Trump était un agent russe. Voilà l’ampleur de la puissance russe… ou d’autre chose.
En effet, ce documentaire est intéressant mais dans une perspective perverse: l’analyse de la propagande de ceux qui dénoncent la propagande. Car ne nous voilons pas la face, ce reportage est une œuvre de propagande à 100%. C’est même excessivement grossier, j’en ai honte en tant qu’assujetti fiscal, obligé de payer pour cette mascarade. Ça n’est pas agréable d’être dans le camp des salauds.
C’est grossier parce que la technique de propagande consiste à prendre ses propres turpitudes puis à les projeter sur l’ennemi sans subtilité. C’est pratique car on se connaît mieux que l’ennemi, donc on peut facilement prétendre analyser ses méthodes puisque ce sont les nôtres. Ça n’est pas du tout subtil parce que les techniques de propagande sont intimement liées à la culture dont elles émanent: nous présenter une Russie avec une culture états-unienne, ça n’est pas sérieux.
Mais c’est instructif parce que ce genre de reportage dévoile les techniques de ses propres commanditaires et les analyse pour nous. Prendre une image d’un manifestant brandissant une pancarte «SOS! NAZIS IN UKRAINE», la montrer cinq secondes puis faire croire qu’elle dénonce Poutine… Ont-ils seulement entendu parler du neo-nazisme bandériste typiquement ukrainien ? Ont-ils connaissance du poids de la Grande guerre patriotique en Russie ? Savent-ils pourquoi elle est «grande» et «patriotique» ? Ils s’en fichent car ils nous servent un corpus états-uniens avec une conception états-unienne du nazisme, entièrement différente de celle qui a cours en Russie.
La défaite d’Hillary Clinton… Le Russiagate ? Sérieusement ? Ces imbéciles font passer la haine de l’Américain pour le résultat de la propagande Russe. Les tapis de bombes de l’OTAN vitrifiant des pays entiers, Allbright se vantant d’avoir tué 500 000 enfants irakiens en disant que «Ça valait le coup !», la déstabilisation politique systématique, le financement des terroristes djihadistes fous de religion, non, ça n’est pas la cause de la haine… Ils ressassent les manipulations grossières, ces charniers avec les cadavres qui bougent et se rebordent quand leur linceul s’envole, la fausse maternité remplie d’influenceuses sur un territoire déjà évacué, misère ! Je ne vais pas analyser le ,documentaire parce qu’il me faudrait un paragraphe pour chaque seconde de vidéo. Mais c’est édifiant de malhonnêteté permanente. Dans le monde d’après on étudiera ce documentaire à l’école comme l’exemple parfait de la duplicité de notre régime pourri.
C’est amusant que ce truc ait été diffusé un mois avant que Elon Musk dévoile qu’il n’y a jamais eu de hackers russes sur les réseaux sociaux des États-Unis: le Russiagate a été fabriqué par le FBI avec la complicité active des géants du Net. On a maintenant les preuves écrites, les mails avec les consignes explicites, etc. C’est amusant aussi de consulter les sites des spécialistes occidentaux de cybersécurité proposant des cartes interactives avec les flux de connexions piratées: l’écrasante totalité proviennent des États-Unis et d’Israël ! Des États-Unis parce que l’information a toujours été leur arme privilégiée depuis plus de 200 ans et Israël parce que le gouvernement a massivement financé le développement de l’économie numérique et tout spécialement la cybersécurité. Comme chacun sait que la meilleur défense c’est l’attaque… Pegasus, Candiru, ça vous parle ?
C’est pas de bol non plus que quelques jours après la diffusion, Merkel ait avoué avoir fomenté la guerre d’Ukraine en secret en sabotant les accords de Minsk: sa mission était de faire gagner du temps pour que l’Ukraine se réarme afin de mener à bien le plan d’extermination des ukrainiens russophones, car c’est de ça qu’il s’agissait et les hauts dignitaires ukrainophones s’en vantaient même en public. Cet imbécile pervers de Flamby n’a rien trouvé de mieux que de confirmer la chose en précisant que lui aussi en était. Ce con apparaît avec son ex-femme, la Royale, adoubée complotiste par le même documentaire !
J’ai failli arrêter le visionnage après avoir vu surgir la tronche flasque de Flamby. C’est pas facile de s’informer; ils ne nous aident pas.
La Russie est bien évidemment dotée de services de renseignements préparés à la guerre de l’information. L’équivalent Russe pour la CIA, le MI6 ou le Mossad, ce sont le FSB pour le renseignement intérieur et le SVR pour le renseignement extérieur. Tous les pays sont ainsi dotés et c’est heureux car si la République des Bisounours n’existe toujours pas, c’est parce qu’elle se fait immédiatement massacrer à chaque tentative d’instauration.
Dans la région autrefois appelée Petite Russie, abritant la toute première capitale de l’empire Russe, la limite naturelle entre les peuples slave orientaux (les russes) et les slaves occidentaux (les polonais) est le fleuve Dniepr, qui traverse Kiev et coupe l’actuelle Ukraine en son milieu. Les deux peuples slaves d’Ukraine, de l’est et de l’ouest, sont issus de la même ethnie mais ont été séparés par l’Histoire: pendant la Seconde guerre mondiale, l’ouest a choisi le camp Nazi et l’est le camp Communiste. Après l’intégration de l’Ukraine au bloc de l’URSS, le bloc slave s’est retrouvé soudé; mais la barrière de la langue est restée de part et d’autre du Dniepr, la droite parlant ukrainien et la gauche le russe. Les rancœurs ont perduré chez certains acharnés; mais le territoire a connu d’énorme brassages internes de population au point qu’on retrouve des ukrainiens sur toute la surface de l’ex-URSS, et ce pour une raison primordiale: c’est l’Ukraine qui dirigea l’URSS pendant la moitié de son existence. Khrouchtchev était ukrainien, tout comme Brejnev, Gorbatchev et Tchernenko.
Nous faire croire que le gouvernement russe a besoin des Services pour désinformer sa population… Tous les russes, quand ils ne sont pas eux-mêmes ukrainiens, ont au moins un cousin, un oncle ou un frère en Ukraine. Un coup de téléphone et tout le monde sait. La destination préférentielle des émigrés ukrainiens est la Russie: les deux tiers y immigrent depuis toujours. Manipuler un russe, passe encore, mais plusieurs millions d’ukrainiens résidant en Russie, faut le faire ! Ça serait plutôt la population russe qui a poussé Poutine à agir militairement: si il n’avait pas attaqué, il aurait perdu son siège. En Russie on n’aime pas les dirigeants faibles.
L’émigration Ukrainienne est principalement motivée par des raisons économiques depuis près de 60 ans. Mais des flux notables en sont aussi sortis après la fin de la Seconde guerre mondiale. Comme l’Ukraine était alliée avec l’Allemagne, les militaires et autres prisonniers de guerre ont refusé de rentrer en Ukraine ou même d’y rester. L’Ukraine était devenue une partie de l’URSS et, de peur des représailles, ils se sont éparpillés en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine et… en Israël qui cherchait à se constituer une démographie décente et acceptait un peu n’importe qui. D’ailleurs, après la chute de l’URSS un grand afflux d’Ukrainien a été absorbé par Israël, qui a toujours été une terre d’asile non pas pour les juifs mais pour les fuyards de l’URSS. De l’ancien empire communiste, on ne partait pas comme ça. De nombreux citoyens de l’URSS ne pouvaient partir qu’en se faisant passer pour juif ou en motivant des rapprochements familiaux sur la même base. C’est pour cela que les immigrés «juifs» d’Israël sont des slaves de l’est en grande majorité et sont arrivés bien après la Seconde guerre mondiale; l’afflux le plus notable ayant eu lieu à la chute de l’URSS au début des années 1990. Les descendants des réfugiés des persécutions nazies sont minoritaires, moins de 15%, et encore, sans distinguer les réfugiés réels des soldats et autres collabos en fuite. Voilà pourquoi Israël est si proche de l’Ukraine et a de si bons rapports avec Poutine malgré le poids de l’influence états-unienne. Bien évidemment, tout ce qu’on raconte dans les médias est faux; mais ça, c’est la règle. Les médias ne sont pas là pour nous dire la vérité mais pour nous dire ce qu’il faut penser.
La diaspora ukrainienne a pesé lourd dans les relations internationales avec l’URSS, puis avec la Russie. Les «russes blancs» d’Ukraine, aristocrates tsaristes fuyant le communisme, ont nourri l’anti-communisme des États-Unis dès l’origine, Les collabos ukrainiens du nazisme ont également fourni de nombreux alliés commodes aux anti-communistes d’après-guerre. Et le démantèlement de l’URSS a éparpillé dans le monde de nombreux aventuriers en quête d’argent… et de terres palestiniennes gratuites. Ceux qui s’imaginent encore qu’Israël est un état juif se fourrent le doigt dans l’œil à s’en gratter l’omoplate de l’intérieur.
Après un bon ménage on comprend tout de suite beaucoup mieux la géopolitique. Et ça n’est pas beau. Ça n’est jamais beau.