Certains cadres petits bourgeois ont compris pas mal de choses ; mais ils restent limités par leur catholicisme militant. Leur parti-pris de calotin sans nuance les fait foncer dans les pièges habituels. Ils s’enferment dans leur idéologie et se coupent ainsi des autres berceaux de révoltés, par exemple les autres religions, mais pas que.
Je ne les connais pas alors je n’ai pas à avoir de filtre sur leurs positions. Les conneries autour du satanisme, de l’antéchrist, de l’épouvantail franc-maçon, de tout ce charabia primaire, c’est agaçant. Proposer la prière au chapelet dans l’espace public comme solution, c’est très con. Pourquoi pas la prière vers la Mecque pendant qu’on y est ? Ils restent enfermés dans les symboles qui peuplent leur genre de curiosité, qu’ils projettent un peu partout. Contrairement à leur croyance (très récente en fait), la France n’est pas un pays catholique, blanc et de culture gréco-latine. Pour les bourgeois comme De Gaulle, sans aucun doute ; mais pour le peuple, ça n’a jamais été le cas, sinon par allégeance passagère (allégeance de circonstance au pouvoir comme on peut la constater aujourd’hui pour d’autres choses).
Leur position sur l’État est intenable. Ils commettent la même erreur que tous les autres : confondre l’État et l’élite qui le dirige ici et maintenant. L’autonomie, le survivalisme, c’est faire le jeu du pouvoir. Penser se soustraire à l’État pour recréer une société ailleurs, c’est se priver de l’État, donc de la plus grande force populaire. C’est aussi improbable que de croire à la structuration spontanée d’un peuple atomisé façon colibri. Mais c’est aussi croire qu’on peut exister dans un monde où tout appartient à quelqu’un. Au final, le survivalisme, c’est la réserve indienne auto-infligée, l’échec volontaire non-assumé, la fuite à la place de la lutte, la lâcheté internalisée. Cet individualisme, c’est aussi le mode de structuration social privilégié des anglo-saxons, des anglais et des américains. Ces cousins descendants du « Saint Empire Germanique » (CF Conférence histoire de France de François Asselineau) partagent le mépris de l’État. Proposer de vaincre l’ennemi en se laissant coloniser pas son mode de pensée le plus profond, ça n’est pas très malin. L’État, c’est le bien commun le plus précieux du peuple, qui doit le reprendre coûte que coûte sans quoi il cessera d’exister. C’est d’ailleurs pourquoi les dominants veulent le détruire.
Ce n’est pas avec ces approche courtes vues petites bourgeoises qu’on ira au bout. Ils sont bien trop sectaires pour participer à une révolte mondiale ; car contre le mondialisme il faut être mondial. Il faut toujours se battre avec les armes à hauteur de la menace de l’ennemi. Sinon on perd. Le christianisme à beau avoir des prétentions universalistes (« catholicos» veut dire «universel» en grec), il n’est réellement une force populaire qu’en Amérique latine. En France, le catholicisme est aujourd’hui une lubie de petits bourgeois. Il est même neutralisé au plus haut niveau avec la subtile démission mais pas abdication de Benoit XVI face aux magouilles d’Obama/CIA/François pour qui se faire injecter un poison, c’est-à-dire un suicide, serait un acte d’amour. De toute manière, le catholicisme n’a pas les épaules pour soutenir l’ambition nécessaire pour vaincre. Croit-il convertir toutes les nations ? Allons donc…
Même la Russie n’est pas catholique. Le « spirituel » avancé par le religieux n’est que le cache-sexe de la dimension politique et juridique des religions. La réalité de la solution catholique au mondialisme, ce serait remplacer un totalitarisme par un autre. Le totalitarisme, comme toute dictature, est tellement plaisant quand c’est le nôtre ; quand on ne sait pas, ou qu’on ne veut pas le voir comme tel. Mais les occidentaux ne sont pas tout seul sur Terre. Il faut composer avec les différences de chacun, souvent profondes. Le chantre de l’autonomie et du survivalisme n’est pas l’Homme de Vitruve. Imposer son modèle CSP+ catho-tradi à la planète ne marchera jamais. Il flatte son petit groupuscule, fait son trou dans sa petite mouvance, mais ne convaincra personne d’autre en se tournant ainsi vers le passé pour trouver des solutions au présent.
Les pionniers de l’anti-mondialisme, en France, c’est l’Islam, tout simplement parce que les musulmans se sont fait taper dessus par l’Empire bien plus tôt que les autres. Maintenant que c’est le tour des cathos occidentaux, ils s’imaginent être sur la brèche alors qu’ils sont déjà has-been. S’ils échouent à comprendre que le peuple de l’Islam est un allié ayant subi la diabolisation plus tôt qu’eux, s’is n’apprennent pas d’eux ils seront dévorés comme eux.
L’inculture sélective ce ces propagandistes rendus aveugles par leur religion (des fanatiques, quoi) leur interdit de trouver les solutions compatibles avec la réalité. Leur vision de la France est née dans leur jeunesse et s’est ossifiée avec la maturation de leur néo-cortex vers l’âge de 20 ans. Leurs préjugés ont au mieux 40 ans de retard sur la situation actuelle voire 80. Il n’y avait qu’à écouter Macron au Congo…. La spiritualité fantasmée des petits bourgeois catholiques, c’est celle de leurs grands-parents. La France « traditionnelle », n’est autre que la France de Vichy.
La Révolution qui a débouché il y a deux siècles sur la soudure du pays et la constitution d’un Etat n’est pas une parenthèse dans l’histoire de notre pays. S’ils étaient un peu plus curieux, un peu moins sectaires, ils se rendraient compte de trois choses :
1) Le judaïsme est présent traditionnellement en France depuis plus de 1000 ans (en fait on ne sait pas jusqu’à quand ça remonte) et l’Islam depuis tout aussi longtemps. La France est tellement chrétienne qu’on bon nombre de rois se sont retrouvés excommuniés, dont un a même assassiné le Pape. J’ai connu mieux en matière de christianisme que le pontificide. D’ailleurs, l’alliance franco-ottomane a perduré de 1536 (François Ier étant assiégé par le reste de l’Europe « blanche, chrétienne et gréco-latine », bizarre) jusqu’en 1798 à cause de la folie napoléonienne, sans laquelle il y aurait sans doute encore un empire ottoman et nous serions encore allié avec lui, sûrement contre l’empire Britannique nécrophile, source de nos malheurs actuels. Jusqu’à la Belle Époque (pour les riches), l’Islam c’était les milles et une nuits et le raffinement persan. L’orientalisme inspirait les auteurs français. La défiance actuelle envers l’Islam est née de l’exploitation du pétrole par les anglais et celle du judaïsme de la cupidité des princes catholiques polonais. Tout cela est récent et artificiel.
2) La France ne se définit pas comme blanche car on ne se définit pas par des banalités : on ne se félicite pas chaque matin d’avoir deux mains, deux pieds et un nez au milieu du visage. Quand il ‘y a que des blancs sur un territoire, on ne se dit pas « Tiens, il n’y a pas de verts ni de bleus, étrange !». La France ne s’est jamais définie par la race ni par la couleur car la France est d’origine un melting-pot, l’agrégation de royaumes qui parfois se détestaient cordialement. Les « invasions romaines » étaient en fait des guerres entre roi celtes stimulée comme aujourd’hui par la CIA romaine ; une sorte de guerre civile entretenue avant l’heure. Les cagots étaient des français organiquement parfaitement semblables aux autres, et pourtant ils étaient considérés comme une race différente. Car quand tout le monde est blanc, les pulsions destructrices inventent toujours un autre critère pour exercer le même racisme. Les auvergnats et les bretons étaient considérés comme des sous-races jusqu’à il y a peu. Les bretons en particulier étaient vus exactement comme aujourd’hui les maghrébins des cités : miséreux, ultra-violents, sexistes et fous de religion, portant des coiffes féminines tellement noires et couvrantes qu’elles n’avaient rien à envier au niqabs (voir par exemple ici pour plus de détails). Certains définissent la France comme « blanche » par référence implicite à l’expansion colonialiste du territoire en Afrique. L’Algérie, créée par la France au XIXe siècle pour faire cesser les razzias des barbaresques et anéantir les derniers foyers esclavagistes en Méditerranée, était un département français au même titre que les autres. Napoléon III (le bon Napoléon, pas comme l’autre, ce nabot pervers narcissique ambitieux et cupide de Buonaparte à qui Macron ressemble, avait même octroyé la nationalité pleine et entière aux musulmans. C’était avant que le raciste Crémieux, appuyé par le boucher Tiers, ne la révoque par son décret. De Gaulle s’est débarrassé de l’Algérie par cupidité et par racisme, à la fois contre la volonté des français et même contre celle des indigènes algériens, pourtant considérés et traités comme des sous-français. Le Français « blanc » est une idéologie purement raciste en contradiction brutale avec la création et l’expansion de la France de la révolution, laquelle s’est surtout construite contre les peuples germaniques : les goths, les normands, les anglais, etc. Les anglo-saxons sont les maîtres de l’Empire actuel. Le racisme de certains français les pousse dans les bras de leur ennemi sous prétexte qu’ils ont la même couleur. C’est tout simplement idiot.
3) La prétendue culture gréco-latine, comme le nouveau testament, est une invention des lettrés catholiques du Moyen-Âge. Une manifestation du mondialisme catholique, dont les livres sacrés étaient écrits en latin et la base philosophie amenée de Grèce. Trouvez-moi ne serait-ce qu’une once de culture française au Vatican et on en reparlera sérieusement. La véritable culture du peuple Français est celte, et elle l’est toujours de fait. C’est pour cela que sans le savoir, les français du peuple, même les plus à droite fustigeant les gauchistes, sont malgré tout et avant tout sociaux. La religion celte n’est plus reconnue comme telle car les conquérants divers à commencer par l’église catholique ont chacun renommé la chose avec leurs mots. Ils ont pu détourner les symboles, récupérer les coutumes mais rien n’a jamais brisé l’esprit. Le baptême change le nom mais le corps demeure et l’âme encore plus. L’esprit est tellement robuste qu’il a ressuscité la manière sans qu’on s’en rende compte : en effet la Ve République n’est rien d’autre qu’un copié-collé de la royauté celte ; il est vrai avec quelques aménagements. Mais après 2000 ans d’absence, inutile de faire les difficiles. Elle est bien acceptée par les français car elle correspond à leur culture profonde : aristocratique et panthéiste, avec un roi que l’on choisit, et mis à mort au besoin s’il échoue dans sa tâche. Que Macron en prenne de la graine ou pour lui ça finira mal. Le panthéisme est la base du culte des saints et des reliques. Le monothéisme rebute le français, sinon il serait unitariste. Le panthéisme est ce qui nourrit l’encyclopédisme dans lequel chaque concept est enrobé d’un respect issu de l’esprit des cultes anciens. Et cela contrairement aux monothéistes réformés, attachés à la lettre et non à l’esprit, qui ont poussé les peuples anglo-saxons dans l’utilitarisme barbare.
Ce que la France a acquis le long des siècles, c’est l’amour du Peuple, divinisé comme concept et invoqué au besoin. L’être suprême qu’envisageait cette âme du peuple qu’était Robespierre. Le Peuple, c’est la source de toute souveraineté. L’État n’est qu’une réification du Peuple, rendu palpable pour s’occuper des affaires séculières. Les petits bourgeois catholiques survivalistes ne semblent pas aimer le Peuple. Paradoxalement, au contraire de la spiritualité à laquelle ils prétendent, en bons petits bourgeois, ils n’ont compris de la France que ce qui sert leurs intérêts de CSP+. Il a une vision bourgeoise du combat : le petit blanc catho chemise-veston dans sa petite maison de province : Oui ! Mais le prolo banlieusard déporté économique, le rital à casquette, le polac crotté, le chibani buriné : non ! Qui n’a pas connu comme en Lorraine le cul du haut fourneau avec Marco, Jakub et Mamadou n’a rien connu. Il faudra bien qu’ils se rendent compte les petits bourgeois qu’il n’ont pas affaire à des petits bourgeois déclassés. Le jour où ils connaîtront le Peuple, ils sauront ce qu’est la France.
Le facteur d’intégration premier, qu’on soit immigré ou pas, c’est le travail. Ce qui fonde le Peuple c’est le travail, la lutte commune. Si les élites et les banlieusards sont déconnectés, s’ils servent des intérêts divergents, s’ils détestent le Peuple, c’est parce qu’ils ne travaillent pas. C’est pour cela qu’ils ne se sentent pas français. Si leurs sœurs ou épouses se sentent « citoyennes du monde », c’est parce qu’elles ne travaillent pas. Si Macron nie l’existence de la culture française, c’est parce qu’il ne travaille pas. Et si Stanislas Berton s’imagine que la France est « catholique, blanche de culture gréco-latine », c’est parce qu’il est trop occupé à « créer des entreprises ».
Vous verrez quand la Révolution qui vient s’achèvera, ce n’est pas à la messe qu’on ira : c’est au travail.