Grande est la vérité mais plus grande encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité.
En s’abstenant simplement de mentionner certains sujets, en abaissant ce que M Churchill appelle un « rideau de fer » entre les masses et tels fait ou résonnement considéré par les chefs locaux comme indésirables, les propagandistes totalitaires ont influencé l’opinion d’une façon beaucoup plus efficace qu’ils ne l’auraient pu au moyen des dénonciations les plus éloquents, des réfutations les plus logiques et les plus probantes.
Mais le silence ne suffit pas. Pour que soient évités la persécution, la liquidation et les autres symptômes de frottement social, il faut que les côtés positifs de la propagande soient rendus aussi efficaces que le négatif.
La plus importante des « Manhattan projects » de l’avenir seront de vastes enquêtes instituées par le gouvernement sur ce que les hommes politiques et les hommes de science qui y participeront appelleront le problème du bonheur – en d’autres termes, le problème consistant à faire aimer aux gens leur servitude.
Sans la sécurité économique, l’amour de la servitude n’a aucune possibilité de naître ; j’admets, pour être bref, que le tout-puissant comité exécutif et ses directeurs réussiront à résoudre le problème de la sécurité permanente. Mais la sécurité a tendance à être très rapidement prise comme allant de soi. Sa réalisation simplement une révolution superficielle, extérieure.
L’amour de la servitude ne peut être établi, sinon comme le résultat d’une révolution profonde, personnelle, dans les esprits et les corps humains.
Pour effectuer cette révolution, il nous faudra, entre autres, les découvertes et inventions ci-après. D’abord une technique fortement améliorée et la suggestion –au moyen de conditionnement dans l’enfance, et plus tard, à l’aide de drogues, telles que la scopolamine. Secundo, une science complètement évoluée des différences humaines permettant aux directeurs gouvernementaux d’assigner à tout individu sa place convenable dans la hiérarchie sociale et économique.