Quand on est dirigeant d'entreprise, dès qu'on occupe une position dominante d'influence, de pouvoir, il échoit des responsabilités particulières ; pas seulement de confortables revenus. Plus on est placé, plus ces responsabilités augmentent et plus leur caractère systémique et éthique prend de l'importance.
On peut penser que les faibles n'ont qu'à être fort et que s'ils sont faibles, ils n'ont au choix pas le droit de vivre, pas le droit de travailler ou de vivre heureux ou qu'ils doivent se contenter de manger tout juste à leur faim ou se satisfaire d'être exploité… bref subir une loi des forts dont les variantes abondent au cours des siècles. C'est la position « animale »
L'autre approche consiste à dire que faire société, c'est faire acte de solidarité. Par conséquent les voies de l'exclusion, comme de l'étirement des inégalités ne sont pas acceptables. C'est la position « humaine »
A propos d'humain, ses faiblesses sont légions et d'autant plus graves qu'on est dominant et d'autant plus graves aussi qu'on adopte, décomplexé, encouragé par la propagande, la position idéologique animale des dominants anglo-saxons.
Parmi ces faiblesses, la veulerie ; Ici chez les dirigeants français : il est plus simple d'abdiquer des responsabilités à sa hauteur que d'agir contre vents et marées à sa hauteur. Hurler avec les loups c'est confortable et ça pérennise ses revenus. Transférer le poids des décisions sur les plus faibles, ça n'empêche même pas de dormir ; surtout quand on emballe cela dans l'idéologie « animale » d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique.
Ils ont eu bien raison de corriger ces veules cravatés, costumés et bardés d'idéologie ultra libérale. Ils ont bien fait de les remettre si hauts qu'ils se croient placés, assis sur leurs culs. Toute mise en scène religieuse et macabre mise à part, c'est du même tonneau que l'assassinat du patron de la Tour du Pin ou le saccage de la préfecture lors des licenciements des « Continental ». Leur patron américain ne valait pas mieux que l'héritier de la noblesse actuellement aux commandes d'Air France. Ces situations sont la rançon normale de la domination excessive et de l'égoïsme. Il n'y a en effet de société qu'avec un contrat social ; et dans un contrat social toutes les parties y trouvent leur compte. Les capitalistes monopolisant la valeur ajoutée par évasion fiscale, dividendes, spéculation financière, investissements asiatiques et achat de leurs garde-chiourmes par stock-options, les tenants de l'ultra libéralisme, tous ces héritiers des colonialistes et esclavagistes d'hier, ont rompu le pacte depuis trente ans au moins.
Le pire c'est que s'ils ne l'avaient pas rompu, non seulement les gens seraient moins malheureux, non seulement les pays du monde se seraient mieux développés et donneraient peut-être à manger à leur faim à leurs peuples, en réduisant la natalité et en protégeant la nature, mais ils seraient encore plus riches ! Car si la théorie du ruissellement ne marche pas pour alimenter l'économie et le confort matériel du plus grand nombre, celle de la consolidation des petites richesses vers les grosses fortunes, en revanche, fonctionne.
Alors que devraient faire les dirigeants pour ne pas mériter de se faire vertement casser la gueule ?
Eh bien ne pas avoir la tête près du bonnet, réfléchir global, désidéologisé et systémique par eux-mêmes avec une optique de faire le bien de ceux de leur communauté France qui dépendent d'eux. Faire passer l'intérêt des faibles avant celui des forts. Lutter contre les autres forts qui instaurent des systèmes délétères.
Les dirigeants de toutes les entreprises françaises, en bons républicains, devraient faire pression sur les pouvoir public pour interdire les « low cost », pour imposer et réguler des niveaux de marges, des niveaux d'effectifs, des niveaux de services, des niveaux d'entretien, des niveaux sociaux, des niveaux de sécurité…. Bref changer la dérégulation en régulation.
Intervenir énergiquement auprès des politiques, leur mener une guerre médiatique, menacer de démissionner de leurs fonctions, organiser la lutte contre la dérégulation, en appeler aux députés, aux référendums si les pouvoirs publics de les suivent pas…. Au lieu de cela ils se sont transformé en en mouvement politique honteux : le MEDEF qu'ils devraient donc dissoudre ou quitter massivement.
Voilà le niveau auquel des dirigeants dignes de ce nom et de leurs rémunérations devraient agir. Quant aux dirigeants politiques ils devraient au lieu de se soumettre aux dictats anglo-saxons protéger leurs industries de façon à établir une concurrence vraiment non faussée ; une concurrence par la hauteur du niveau de social, par la qualité, par l'écologie sous peine de taxes ou d'interdiction des fauteurs de trouble. Rompre avec l'idéologie du pas cher ; remplacer l'idéologie du gros volume petite marge par les grosses marges sur des volumes sobres.
Face à ces crimes de veulerie, d'abandon, de paupérisation volontaire de leurs concitoyens, ces quelques costumes et fiertés ne pèsent pas bien lourd.
Ils sont bien coupables eux-aussi, ceux, y compris les représentants syndicaux, qui pointent le doigt sur ces courageux lutteurs aux abois. Mais comment !? Ils ont eu l'audace de corriger leurs patrons ! Le mot hiérarchie vient de sacré. Eh bien, désacralisons ! Les veules, les valets du néo capitalisme ultra libéral ne sont pas, ne peuvent pas être sacrés !
La libération des esprits, ce serait que tous les dominés en fassent autant ! En commençant par les politiques alignés sur l'ultra libéralisme : dirigeants socialistes, dirigeants écologistes de droite, dirigeants républicains, sénateurs et députés engoncés dans leurs statuts, intermédiaires politiques magouilleurs de grosses valises et de petites affaires, lobbyistes d'entreprises, avocats d'évasion fiscale, journalistes à la solde, profiteurs des largesses de la princesse….. Et alors, tous les autres ensembles, nous les travailleurs lève-tôt, nous pourrions refonder une société équitable et libre. Les ennemis idéologues sont à l'extérieur mais aussi à l'intérieur et le bon côté symbolique de cette correction c'est que là, ils viennent d'être clairement désignés, préfigurant comme les révoltes des banlieues la guerre civile qui gronde.
Si les dirigeants étaient raisonnables, ils en prendraient acte, changeraient leur fusil d'épaule, susciteraient un grand mouvement national et les conditions de régulation économiques nécessaires à la refondation du contrat social tout en luttant contre l'idéologie pendant qu'il en est encore temps.